Narrateur et lecteur dans Tristram Shandy
Abstract
L’article qui suit est extrait d’une étude réalisée sur Tristram Shandy, l’œuvre magistrale du pasteur Laurence Sterne. Publié entre 1759 et 1161, ce roman incontournable de la littérature britanmque a toujours été considéré comme le plus excentrique des romans du dix-huitième siècle. Et pour cause, car les frêles conventions romanesques introduites par des écri vains aussi illustres que Daniel Defoe (l’inventeur supposé du genre nouveau), Samuel Richardson et Henry Fielding se trouvent dans cette autobiographie fictive tour à tour transgressées ou poussées vers une extrême absurdité. D’aucuns n’auront vu dans cette entreprise dévastatrice, que l’expression d’un esprit maladif et outrageusement désinvolte. La critique moderne y verra quant à elle, et à juste titre, une critique précoce et fondamentale du réalisme littéraire et de ses conventions. Nous nous intéresserons ici particulièrement à la relation ludique qui s’installe entre le narrateur-héros Tristram et le lecteur. Cette relation, au grand désespoir du lecteur, s’établit à l’encontre du développement de l’histoire. Le projet autobiographique lancé par Tristram ne cessera en effet d’être interrompu par une succession d’interminables digressions et d’apartés au point que les volumes s’accumuleront avant que le héros du roman ne vienne au monde. Force nous est donnée de constater que la continuité du récit importe peu au narrateur Ce qui importe, en revanche, c’est la dialectique de jeu; Un véritable espace interactif s’instaure où narrateur et lecteur finissent par se réconcilier.
Domains
Literature
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